Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
4 janvier 2012 3 04 /01 /janvier /2012 11:54

Il n’est pas rare que suite à un divorce, un enfant se retrouve à jongler entre deux styles d’éducation. Parfois, La différence est raisonnable comme le cas d’une maman plus ou moins laxiste qu’un papa. L’enfant a le droit de veiller un peu plus tard ou de se reposer le soir en rentrant de l’école avant de faire ses devoirs…. Lorsque les différences sont minimes, ce n’est pas forcément grave. L’enfant apprend par là-même à jongler avec la vie, à s’ajuster et comprend que le monde est constitué de différences.

 

Si les parents communiquent raisonnablement, il est toujours possible pour eux de discuter ensemble et tenter de rapprocher les deux modes d’éducation. Maman laisse le petit regarder la TV jusqu’à 21h00 et papa laisse l’enfant lire jusqu’à la même heure. Ce n’est pas de regarder la TV ou lire qui sera pertinent mais que l’enfant puisse suivre le même rythme de sommeil chez papa comme chez maman. Le fait d’avoir des activités différentes chez l’un et l’autre est plutôt enrichissant et à conserver !

 

Si en revanche, les parents appliquent des systèmes d’éducation diamétralement opposées, alors l’enfant va en pâtir. Il n’est pas rare que cette opposition extrême soit le fait d’un conflit violent, manifeste ou latent, entre les deux parents. Chaque parent pense « donner une leçon » à l’autre en appliquant ce qui lui semble le plus juste. Le conflit est au centre et non pas l’enfant. L’enfant devient même l’instrument pour narguer l’autre parent.

On peut voir des enfants qui ont accès dès 8 ans à l’ordinateur de manière libre, qui reste debout jusque tard alors que chez l’autre parent, c’est au lit à 20h30 pile, aucun accès à l’ordinateur. J’ai également rencontré des enfants dont l’un des parents tenait des propos très raciste alors que l’autre travaillait avec le monde africain. Ou encore un parent qui laisse l’enfant ne plus faire preuve de politesse tandis que l’autre est très à cheval !

 

L’enfant se retrouve alors à subir deux systèmes différents mais surtout deux rythmes et messages différents. Alors qu’il n’a pas encore accès à la libre pensée, à l’autonomie, on le met en situation de devoir estimer un système plutôt qu’un autre. La capacité d’ajustement, du fait de ces différences extrêmes, n’est pas acquise car subit. Son énergie sera plus mise au service de l’adaptation que de l’ajustement. Au lieu d’apprendre la vie, l’enfant apprend à s’adapter et peut s’épuiser. De plus, cette éducation opposée induit qu’un parent est plus compétent qu’un autre et pourrait donc mériter plus d’amour. Au lieu d’aimer naturellement et de s’identifier à ses deux parents, l’enfant se trouve dans la situation de devoir choisir lequel est le plus valorisant pour lui. Or, je n’ai jamais vu d’enfant préférer la sévérité à la laxité ! L’amour que l’enfant portera à son parent ne sera pas basé sur ses compétences de parents mais sur sa capacité à le laisser faire ce qu’il veut. L’enfant est donc en danger de devenir un électron libre et donc présentera, si la situation dure, des troubles du comportement.

 

Il faudrait bien sur que les deux parents puissent se parler afin d’ajuster leurs éducations et qu’ils se concentrent sur l’essentiel, l’enfant. Cependant, si l’enfant est un instrument pour prouver que l’on est mieux que son ex, on est alors aveuglé sur les conséquences sur l’enfant. La leçon à donner est supérieure à la sérénité de l’enfant.

 

Si vous êtes séparés, faites l’effort, même si douloureux, de questionner votre enfant sur son rythme et ses habitudes chez l’autre parent et consultez un ami, un psy, un membre de votre famille, pour pouvoir discuter de ces deux rythmes et tenter de vous rappeler les bases de l’éducation, de ce qui est important pour l’enfant.

 

Il est courant de voir un parent culpabiliser de la séparation (d’où la colère) et, de fait, vouloir « gâter » l’enfant en cédant sur des règles ou en appliquant un système qui gratifie l’enfant. Or, dans ces contextes, on perd de vue, le fait que l’enfant, lorsque ses parents se séparent, a encore plus besoin de voir les anciennes habitudes appliquées. C’est justement ce qu’il lui reste de connu et de rassurant !

 

Si le conflit perdure et que l’enfant subit ces différences, il s’agit alors d’aller consulter un psy pour pouvoir comprendre pourquoi, moi, en tant que parent, je ne parviens pas à calmer ma colère contre l’autre, pourquoi cette haine m’anime ? C’est en réglant la douleur à la base que les choses s’apaiseront. Et l’enfant en sortira apaisé. 

Partager cet article
Repost0

commentaires

H
Article très juste. Belle mère de deux enfants entre 5 et 8 ans, nous vivons cette situation au quotidien. On nous rappelle souvent que deux modes d'éducations peut être une forme de "richesse"<br /> pour l'enfant. Mais je pense que les parents séparés doivent faire un effort mutuel pour que l'enfant ait une certaine cohérence des deux côtés : des règles de bases, et une communication<br /> régulière. Je remarque souvent que le dernier jour du droit de visite, mes beaux enfants relâchent un peu leur tenue (respect, politesse, rangement...) : Ben oui, à quoi bon faire un effort puisque<br /> le soir ils repartent chez maman et que papa et maman ne se parlent pas ? Il est pour moi essentiel de rappelez à l'enfant l'unité parentale. Hélas, peu de parents en sont "capable" et préfère ne<br /> plus communiquer que par avocat ou par l'intermédiaire de l'enfant. Je trouve ça dommage... Etre parent devrait passer avant ses sentiments d'hommes ou de femmes. A mon avis, deux modes<br /> d'éducations différents peut disperser la personnalité de l'enfant et sa construction affective. Quand est-il sincère ? Dans le cas de gros conflits, interregons les enfants sur ce qu'ils pensent<br /> des règles, donnons un sens à celles-ci et soyons francs...
Répondre