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8 septembre 2014 1 08 /09 /septembre /2014 15:17

L’article de Cerveau & Psycho nous explique ce qui motive la réforme des rythmes scolaires du point de vue scientifique.

« Les chronobiologistes, chronopsychologues et neuroscientifiques ont mis en évidence ce qui favorise les apprentissages. Ils ont montré qu'aucun enfant n'est attentif ni réceptif pendant 5 heures 30, même si le temps des apprentissages est interrompu par des moments de détente. On estime que la durée moyenne d'attention maximale par jour est de 3 heures 30 pour les élèves de cours préparatoire (CP) et de cours élémentaire (CE) et de 4 heures 30 pour les enfants de cours moyen (CM). Il n'y a pas d'étude fiable, avec suffisamment d'élèves, en maternelle. Au-delà de ces temps moyens, les enfants cessent d'être attentifs. Les études ont aussi révélé les périodes optimales de réceptivité des enfants : entre 9 et 11 heures le matin et entre 15 et 16 heures 30 l'après-midi. En outre, les signes de fatigue (inattention, bâillements, etc.) augmentent de 9 à 9 heures 30 et de 11 à 11 heures 30, puis de 14 à 15 heures.

Les chronopsychologues considèrent donc que la semaine de quatre jours – deux jours de classe, puis un jour de pause, deux jours de classe, puis deux jours de pause le week-end – « désynchronise » les rythmes des enfants. Se « réhabituer » si souvent à des rythmes de journée différents les fatigue. »

Il n’est donc pas bien compliqué de comprendre que d’un point de vue des apprentissage, cette réforme est essentielle. Nous constatons un retard en France avec des enfants qui savent de moins en moins lire et écrire ou qui présentent de lourds retards.

Ces recherches sont sérieuses et fondées et il était important que la science se penche sur ces difficultés pour optimiser les chances de réussites.

Cependant, ce que ne prend pas en considération ces recherches, et c’est bien normal, ce n’est pas le but de la chronobiologie ou de la chronopsychologie, c’est la vue d’ensemble. Pour que l’apprentissage d’un enfant soit optimal, il s’agir de prendre en compte ses compétences innées, sa personnalité, sa chronobiologie,… mais aussi son environnement, à savoir la qualité parentale et le cadre socio-économique.

Cette réforme est appropriée si on ne la regarde que du point de vue de la chronobiologie. Mais si on prend en compte l’impact qu’elle a sur l’environnement de l’enfant, elle est fragile.

En effet, la société et les parents eux-mêmes ne sont pas prêts pour s’organiser dans la sérénité autour de cette réforme. Beaucoup de parents ont une organisation de vie qui a été créée autour de l’ancien agenda. Les entreprises ne permettent pas de prendre des heures de congés ou de diviser les RTT en heures. Business is Business, ce qui compte c’est l’entreprise !! Cela a donc pour conséquence des parents stressés, énervés et peu disponibles. Ces mêmes parents doivent en plus détacher une somme, qui n’était pas prévu à leur porte monnaie, pour compenser les heures non scolaires.

On se retrouve donc avec des enfants qui pourront mieux se concentrer à l’école mais qui devront se confronter à des parents épuisés, stressés et donc moins disponibles pour les aider à faire leur devoir ou pour les soutenir au quotidien. Un enfant apprend les codes de la société, des relations humaines à travers la transmission de ses parents. Ils observent la manière dont ceux-ci se comportent et interagissent. ls attendent également de pouvoir dire et montrer leur quotidien à leurs parents pour apprendre ce qui se fait ou non. Un parent qui n’est plus disponible ou qui est trop stressé n’a plus le comportement adéquat face à son enfant. Et l’enfant doit apprendre par lui-même. Je rassure les parents. Etre stressé parfois est bon pour l’enfant, n’être que stressé ne l’est pas .

Par ailleurs, un couple sur trois se sépare en France et deux sur trois en Ile de France. Que fait-on de ces parents qui n’ont pas pu ou pas voulu mettre en place une résidence alternée. On est en train de creuser encore plus les difficultés parentales entre parents séparés. Le parent gardien, déjà surmené, le sera encore plus. La monoparentalité, le plus souvent précaire, est épuisante. Il est d’ailleurs prouvé que les enfants de la monoparentalité présentent plus de difficultés scolaires. Avec cette reforme scolaire, le parent solo va se retrouver à compenser seul les réaménagements. Cette reforme pourrait avoir de bon que le parent gardien demande de l’aide au parent non gardien, mais nous savons déjà qu’un bon nombre préfère se couper un bras que de devoir être solidaire de l’ex !

Le parent non gardien, lui, sera privé d’une demie journée avec son enfant mais aussi d’une soirée « patachon » du fait du réveil tôt le mercredi. Certains parents gardiens ne pourront même plus accueillir l’enfant le mardi et mercredi si la distance géographique ne s’y prête pas

Pour certains parents séparés, c’est l’occasion d’utiliser le jugement ordonné par le Juge aux Affaires Familiales, pour réduire les Droits de Visite et d’Hébergements du parent non gardien. Il voudra appliquer stricto sensu le jugement ! Il suffira qu’il soit noté « les milieux de semaine, sortie des classes » pour que le parent gardien ne refuse de confier l’enfant le mardi soir.

Dans ces conditions les inégalités se creusent, et l’image des parents se renforcent. Le parent gardien, plus stressé aura encore plus l’image du parent dur et le parent non gardien sera encore plus fantasmé comme le parent « trop cool » chez qui on voudrait vivre. Cette réforme fragilise beaucoup les familles séparés et celles recomposées.

Pour conclure, la réforme serait une bonne chose si la société avait choisi de la mettre en place dans la lenteur et avait pris en compte l’évolution des familles. Cette réforme n’est pas idiote, elle est juste appliquée de manière précipitée sans que la société du travail, les familles, l’éducation nationale ne soient correctement préparées. Cette réforme ne produit donc aujourd’hui que de l’angoisse. Elle se fera en fragilisant une génération d’enfant. C’est probablement celle dans dix ans qui goutera à ses bénéfices.

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